Par Justin · Retour sur Bugging d'Étienne Rochefot présenté au Théâtre Les 2 scènes en novembre 2022
Photo Yves Petit
"Je suis repartie dans un monde parallèle et ancien, en quelque sorte un retour vers le futur, mais qui n'aura duré qu’une heure."
Est-ce que vous connaissez le principe d’apnée, ? Pour les nageurs, c’est une formalité, un apprentissage de tous les jours, sur terre comme sous l’eau.
Pour le commun des mortels, c’est quelque chose qui s’avère extrêmement compliqué, la respiration se bloque, les poumons cherchent de l’air, le cerveau ne comprends pas pourquoi il ne reçoit plus d’oxygène, en bref un moment pas très agréable à vivre.
C’est une expérience particulière et j’ai eu l'occasion de l’expérimenter pendant la représentation de Bugging, d’Etienne Rochefort présentée le 30 novembre et le 1er décembre 2022 au théâtre Ledoux.
Des bouchons rouge vifs dans les oreilles, tout le monde s’installe et 9 danseur·euse·s se retrouvent sur scène et vont la partager pendant près d'une heure. Les couleurs sont accordées, chacun·e porte une salopette "petite maison dans la prairie” avec une couleur différente. Du bleu, du rose, du vert, du brun, un mélange qui se complète à merveille, en bref un arc-en-ciel de nuance.
Bugging est découpé en 3 parties l’épilogue, la partie principale et le prologue, la pièce évolue avec différents types de danse. Et j’avoue que je ne vais certainement pas m'amuser à vous les définir, je ne m’y connais absolument pas, mais c’était très beau, très esthétique. La musique se lance, mon corps résonne, mon cœur panique, c’est effectivement très fort au point même que le sol tremble.
Le corps des 9 artistes est tenu, 8 d'entre eux répètent en boucle une chorégraphie qui redémarre à chaque fois que la lumière s’éteint. C’est le principe antiquisant de rembobiner une cassette, mais version tour de magie, il est impossible de capter les mouvements. Donc quand la lumière passe au noir pour nous les danseurs sont aux mêmes endroit, logique. Et bien pas du tout, iels sont revenus à leur place d’origine sans que personne ne perçoive le moindre mouvement, sérieusement iels ont une machine à remonter dans le temps ? Ce n’est pas possible autrement ! D’ailleurs c'est bien 8 artistes, le 9e danseur, lui, reste à sa place et il suit une danse qui n’a aucun rapport avec la rythmique et la puissance de la musique.
En soit c’est un bug du corps, qui part d’une personne et se transmet à toutes les autres, mais ça, c’est une façon simplifiée d’expliquer la chose. Alors que certains sont dans des danses dignes de la tectonique, d’autre entame une marche rapide et passe sans que l'œil ne s'en rende compte à une marche au ralenti. Franchement, comment juste l’expliquer sans recréer un traumatisme de bug dans mon cerveau ? Puisque comment expliquer une pièce qui parle d’un bug sans en arriver à buguer soit même ?
Cette pièce est un mélange de folie et de contrôle, les acrobaties sont dingues, avec, je trouve, le manque de la notion “ne pas reproduire à la maison”. On ne sait jamais, en sortant, j’avais envie de me remettre à tectonique, de faire un salto arrière et surtout faire la marche très rapide et de me stopper sans que personne ne le remarque. Ça m’est passé assez vite, je me suis dit que c’était une très bonne pièce qui me sortait complètement de ma zone de confort : entre la musique qui hurle à tout déchirer, la lumière digne d’une soirée patinoire avec des stroboscopes, et surtout la coordination aux centièmes près, comme dirait mes aïeux, des artistes.
C’était franchement une très bonne découverte, une pièce forte même si outre le bug du corps, je n’ai pas vraiment décelé d’histoire. En-tout-cas, je suis repartie dans un monde parallèle et ancien, en quelque sorte un retour vers le futur, mais qui n'aura duré qu’une heure.
· Par Justin Dubouchet, publié le 9 février 2023 ·
Je pense donc je critique réunit les chroniques culturelles éditées par les étudiant·e·s participant·e·s de l'atelier d'écriture critique initié par le service science, arts et culture de l'Université de Franche-Comté, en partenariat avec Radio Campus Besançon et le Théâtre Universitaire de Franche-Comté. Chroniques à lire sur theatre-universitaire-fc.fr et à écouter sur campusbesancon.fr
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